L'insigne des flics d'IsolaLe 87ème District

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(la biblio du 87ème district)
     Que dire qui n’ait point déjà été dit, et de meilleur manière, sur cette saga unique dans la littérature policière ? Eh bien commençons par le début. C’est en 1956 qu’Ed McBain proposa à un éditeur qui l’avait contacté pour assurer l'après Erle Stanley Gardner (le papa de Perry Mason) l’idée d’une série policière ayant pour héros non pas un flic ou un privé mais tout un commissariat : le 87ème Precinct.

Il écrivit alors trois livres Du balai ! [107], Le sonneur [111], Le fourgue [112] au terme desquels Carella (un des inspecteurs) mourait. Bien qu’il n’y avait point de héros, son éditeur sut lui faire comprendre que Carella était l’interlocuteur privilégié du lecteur. Il réécrivit donc le dernier paragraphe où au lieu de mourir Carella terminait à l’hôpital.

Pendant dix ans il écrivit quasiment deux livres par an. Le 87ème District était lancé, ses différents protagonistes, ses histoires modulaires (plusieurs enquêtes se déroulent en même temps) et surtout son quotidien des flics, son quotidien du commissariat. L’autre grande idée d’Ed McBain (après avoir créé un héros collectif) fut de situer son commissariat dans une ville imaginaire : Isola. Bien sûr elle ressemble beaucoup à New-York (comment ne pas voir Staten Island dans Calm’s Point et le Bronx dans Riverhead). Mais le fait qu’elle soit imaginaire évite de se faire avoir(dépasser) par l’évolution réelle de New-York. En fait Isola est une synthèse du mal être urbain. C’est la grande ville près de chez soi. Steven Bocco s’en souviendra lorsqu’il écrira Capitaine Furillo (Hill Sreet Blues) qui elle aussi se passe en milieu urbain sans qu’il soit précisé où.

Puis pendant quatorze ans il livra bon an mal an un livre par an. Mais aux qualités du début commença à pointer une spécificité : la stase temporelle. Faisant sans doute inconsciemment référence à ses premiers écrits qui traitaient de science-fiction, Ed McBain créa un paradoxe temporel. Ses flic vieillissaient beaucoup moins vite que le temps ne passait dans la réalité. D’un livre à l’autre il ne se passait que quelques mois, quelques jours. Ainsi alors qu’ils auraient dû être près de la retraite ou près du grade de capitaine, ses inspecteurs continuaient de mener leurs enquêtes tels les jeunots qu'ils étaient encore.

Le quatrième recueil omnibus

Et c’est là ou Ed McBain sut éviter le piège de la sanctuarisation. Ses flics avaient vus le jour dans les années 50. Ils auraient put rester des flics des années 50. Mais Ed McBain se tint au courant des différentes évolutions du métier tant dans ses aspects techniques (développement de la police scientifique) que dans l’évolution des types de délits. Ainsi le traitement de la drogue (relativement marginale dans les années 50) évolua à mesure qu’elle structurait le banditisme et était la cause de la délinquance et de la dégradation du niveau de vie dans les années 70. Sa saga devint donc aussi le témoin de l’évolution du crime aux États-Unis . Et à travers son crime, c’est une société que l’on voit évoluer.

Au début des années 80 il changea d’Éditeur. Ce dernier dans une optique de best-sellers lui conseilla d’écrire comme si les lecteurs ne connaissaient pas toute la série. Il étoffa donc ses livres qui gagnèrent environ 100 pages et développa aussi un peu la vie privée de ses inspecteurs tout en gardant la structure modulaire qui était le propre de la série. Depuis, c’est presque chaque année que nous retrouvons avec plaisir Carella, Meyer-Meyer, Bert Kling, Cotton Hawes et même Ollie Weeks.

Pour les personnes qui voudraient en apprendre plus sur cette série, je leur conseille de lire les appendices des recueils Omnibus qui donnent nombres  d’informations.

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